L'immigration au Québec : de 1960 à aujourd'hui
L'immigration au Québec : de 1960 à aujourd'hui
L'immigration constitue un pilier fondamental de l'histoire et du développement du Québec. De la Révolution tranquille des années 1960 aux défis contemporains de la pénurie de main-d'œuvre, la province a développé une politique d'immigration unique au Canada, marquée par la protection de la langue française et l'intégration des nouveaux arrivants à la société québécoise.
La Révolution tranquille : le Québec prend en main son immigration
L'éveil d'une conscience nationale (1960-1968)
Avant les années 1960, le Québec francophone était largement hostile à l'immigration, perçue comme une menace à la survivance culturelle et linguistique. La Révolution tranquille marque un tournant majeur. Le Québec commence à s'inquiéter sérieusement de l'intégration linguistique des immigrants vers la langue anglaise.
C'est dans ce contexte qu'en 1965, le gouvernement québécois crée le Service d'immigration du Québec. Trois ans plus tard, en 1968, le ministère de l'Immigration du Québec voit le jour.
Les accords historiques Canada-Québec
De l'Entente Lang-Cloutier à l'Accord de 1991
Entre 1971 et 1991, le gouvernement du Québec renégocie ses pouvoirs à quatre reprises :
L'Entente Lang-Cloutier (1971) : Premier accord permettant au Québec d'avoir des représentants dans les ambassades canadiennes.
L'Entente Cullen-Couture (1978) : Signée le 20 février 1978, cette entente transfère au Québec la responsabilité de la sélection des candidats à l'immigration « indépendante ».
L'Accord Gagnon-Tremblay–McDougall (1991) : Signé le 5 février 1991, cet accord demeure le cadre juridique actuel. Le Québec obtient :
- La sélection exclusive des immigrants économiques et réfugiés
- Le Certificat de sélection du Québec (CSQ)
- Une compensation financière annuelle pour l'intégration
- La responsabilité complète de la francisation
L'évolution des pays d'origine
En 2024 (données préliminaires) :
- Cameroun : 15 % (pour la première fois en tête)
- France : 12 %
- Chine : 8 %
- Tunisie : 7 %
- Algérie : 6 %
Près de 66 % des immigrants admis en 2023 savaient s'exprimer en français.
Les programmes d'immigration au Québec
L'immigration économique constitue 69 % des admissions permanentes en 2024 :
- Le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ)
- Le Programme de l'expérience québécoise (PEQ)
- Les candidats des affaires
Le regroupement familial représente 17 % des admissions, et les réfugiés 12 %.
Francisation Québec
L'institution de Francisation Québec le 1er juin 2023 constitue le point d'accès unique aux services d'apprentissage du français. Les cours de français sont gratuits et comprennent cours à temps complet, temps partiel, en ligne et spécialisés.
En 2024-2025, 104,4 millions de dollars ont été investis dans la francisation.
Statistiques récentes
Les chiffres clés de 2024
- 59 500 immigrants permanents admis
- 616 600 résidents non permanents au Québec
- 48 % des admissions permanentes à des personnes ayant déjà eu un statut temporaire
- Taux de rétention de 91 % un an après l'admission
Les défis actuels
Le Québec fait face à une pénurie de main-d'œuvre historique et à l'enjeu de la régionalisation : 68 % des postes vacants se trouvent en dehors de Montréal. L'intégration économique des immigrants, la reconnaissance des diplômes étrangers et le maintien du français comme langue commune demeurent des priorités pour les années à venir.

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